Présentation

Mélopé était impatiente. Elle n'avait pas vu Lotis depuis une éternité. Depuis qu'elle était retournée dans son clan pour mettre bas, pour être précise. Il lui avait manqué, mais elle était sûre que la surprise qu'elle lui ferai le réjouisserai.

Avance, chérie. J'ai donné rendez-vous à Papa ici. Tu vas voir, il est extraordinnaire.

Elle s'addressait à une toute jeune pouliche d'à peine une semaine, mais délà bien dégourdie. Elle avait, dans sa crinière d'encre, quelques traits argentés, plus fins que ceux de sa mère. Mélopé la trouvait splendide, avec ses longues pattes. Elle était superbe. Mais peut-être n'était-elle pas objective... Il faudrait l'avis de Lotis.

Depuis longtemps, Lotis n'avait pas vu sa bien-aimée. Il ne savait pas encore très bien pourquoi ils ne s'étaient pas vu depuis un bon bout de temps, mais peu importe... Tout ce qu'il voulait était de revoir Mélopé. Elle lui avait tant manqué!
Il s'avançait vers le lac gelé, là où il devait la retrouver.
Il distingua sa silhouette au loin et se mit à trotter dans sa direction. Quand il l'eut rejoint, il s'arrêta voyant qu'elle n'était pas seule. Une adorable petite pouliche se tenait à coté d'elle, une très jeune pouliche. Sa fille. Il avait eut une enfant! Il eut un mal fou à ne pas exploser de joie, mais il arriva tout de même à se contenir et se contenta de sourire.

" Quel est le nom de cette jeune fille?"

Savoir qu'il avait eut une fille l'avait tellement surpris qu'il en oublia même de les saluer. Bien sûr, il donna d'affectueux coups de tête à Mélopé, mais il n'en fit pas plus. Il ne savait plus où donner de la tête.

" Quel est le nom de cette jeune fille?"
"Lotis, je te présente Calypso, ta fille. Calypso, je te présente Lotis, ton père."
Puis, elle fixa Lotis, en essayant de deviner ses pensées. Etait-il heureux ? Où faché qu'elle ne l'ait pas prévenu ? Quand l'étalon colla sa tête à la sienne, elle fut rassurée. Elle se colla à lui, puis le regarda :
"Alors ? Qu'en dis-tu ? Personnellement, je la trouve splendide. Et toi ?"
Au fond d'elle, Mélopé savait qu'ils ne pourraient pas rester indéfiniment dans 2 clans différents. Il faudrait qu'ils trouvent une solution. Pour Calypso.

Mélopé fit les présentations. Ainsi, cette petite se nommait Calypso. Et elle était sa fille!
Si un jour, par le passé on lui aurait dit qu'il serait père, il aurait simplement éclater de rire avant de sermonner celui qui aurait prononcé une telle phrase. Il était glacial, imprévisible et impitoyable dans sa vie d'avant. Mais depuis le jour où il avait débuté entrainement de Mélopé, plus rien n'avait été pareille. Et aujourd'hui, il était bel et bien devenu parent.
Il salua la petite d'une courbe de la tête et ajouta en s'adressant à Mélopé:

"C'est notre enfant, elle est magnifique."

Il avait encore du mal à croire que cette pouliche existait. Aussi tout un tas de questions arrivaient dans sa tête. Serait-il un bon père?

"C'est notre enfant, elle est magnifique."
Lotis ne regardait que Mélopé. Calyspo décida donc de lui parler :
"Bonjour, Papa."
Et elle avança, jusqu'a placer ses naseaux sur la joue de son père, pour lui faire un bisou.
"Je suis contente de te rencontrer."
Et Mélopé ajouta :
"Elle est déjà assez impatiente, très têtue, mais c'est la petite pouliche la plus gentille et adorable du monde. Qu'en dis-tu ?"

La petite vint faire un bisou à l'étalon. Celui-ci n'esquissa pas le moindre geste. A vrai-dire, les marques d'affections, il n'y était pas réellement habitué, même en ayant une compagne. Comment était-il sensé réagir devant cette enfant? Il fixa Mélopé d'un regard un peu perdu. La petite était donc déjà impatiente et... Têtue? Tiens donc, il en connaissait une autre comme cela. Sa fille avait déjà son caractère, et il ne la voyait que pour la première fois! Immobile, il réfléchit à toute vitesse ce qu'il pourrait répondre. Lui-même avait horreur qu'on ne lui réponde pas, alors à une petite pouliche ressemblant trait pour trait à sa mère...

"Moi de même... Calypso." Finit-il par dire dans un sourire gêner.

Il détailla un moment son enfant. La même que Mélopé. Puis il se décida enfin à prendre en compte la question de sa bien-aimée.

" Eh bien, je connais une autre jument assez impatiente et particulièrement têtue également."

Il avait bien insisté sur le "particulièrement", puis sourit.

Quand Calypso embrassa son père, Mélopé crut qu'il allait la repousser, comme elle au début. Elle attendit, en essayant de deviner ce qui se passait dans la tête de son bien aimé. Quan enfin il répondit :
"Moi de même... Calypso.", elle crut qu'il ne lui parlait pas comme à sa fille mais quand il ajouta :
" Eh bien, je connais une autre jument assez impatiente et particulièrement têtue également."
Et là, Mélopé commençait à appercevoir son bien aimé, malgré sa stupeur. Elle répondit à son sourire et lui dit :
Je suis tellement heureuse de te revoir, et elle ajouta pour sa fille :
Ma chérie, peux tu aller jouer un peu plus loin ? Mais ne t'éloignes pas, je veux pouvoir te voir, ce n'est pas comme la forêt... Mais je suis sûre que ton père te fera visiter ce territoire plus tard, n'est-ce pas Lotis ?
Puis, tandis que la pouliche s'eloignait :
Lotis, il faut changer, quitte à devenir solitaires. J'avais refusé de le faire pour Désirée, mais là, si c'est la seule solution, je suis prête à partir. il faudrait que j'en parle à Hooligan. Et toi, qu'en penses tu ?

La petite s'éloigna. Lotis répondit dans un banal soupir :

- Raytokû est loin d'être aussi compréhensive que ton dominant. Le clan de la Neige à d'autres lois, et quitter le clan n'est pas aussi simple que ça.

Il ajouta après un moment de réflexion.

- Je sais que c'est pour le bien de Calypso, mais pour le moment, je ne peux rien faire. Hors-mit lui faire visiter le territoire durant un tour de garde...

A vrai dire, il ne pouvait pas faire grand chose d'autre. Les dominants sont loin d'être les gentils dominants aux petits soins. Non... Si jamais ils apprenaient qu'il avait eu un enfant, avec une guerrière du clan de la forêt qui plus est, ce n'est pas un sermon qu'il aurait droit, mais à une exécution immédiate. Il refusait de mourir, non pas par lâcheté, mais pour Mélopé et Calypso, il ne pouvait pas les abandonné ainsi. Il était coincé.

- Raytokû est loin d'être aussi compréhensive que ton dominant. Le clan de la Neige à d'autres lois, et quitter le clan n'est pas aussi simple que ça.

Lorsqu'elle entendit son amoureux annoncer cette triste vérité, elle sentit sa volonté s’effondrer. Mais qu'est-ce qu'ils avaient fait ? Elle tituba sur ses pattes, mais tenta de faire bonne mine, et sourit à son compagnon. Quand elle y réfléchissait, elle serait prête à tout, pour cet étalon. Même à quitter son clan... A ces pensées, sa tristesse revint. Lotis ne voulait pas partir ! Il ne voulait pas vivre avec elle. Elle sentit les larmes monter, et elle eut peur de se retransformer en la jument geignarde qui déplaisait tant à Lotis. Elle se contint à grand mal, et dit :

La petite grandira vite. Elle aura bientôt l'âge de jouer avec les autres, et je pourrais la laisser au clan. Nous reconsidérerons nos options alors. C'est bon ?

Et elle ajouta, pleine d'espoir :

Et nous pourrons toujours nous retrouver dans les territoires libres, qu'en dis-tu, mon amour de glace ?

Il savait que ce n'était pas la plus simple des décisions. Mais tant que le dominant n'était pas malade ou dans une autre situation qui le ferait s'adoucir, il ne laisserait jamais Lotis partir. Il était chef guerrier, un pion important dans son jeu. De plus, si il apprenait les raisons de son départ, il était presque sûr que Mélopé et Calypso ne pourraient rester en vie très longtemps. Même si cela devait leur briser le coeur, il les garderait en vie. Qu'elles vivent et trouvent le bonheur, tant qu'il en serait ainsi, il se tiendra tranquille.


- Aussi longtemps qu'il le faudra, je quitterai la neige, vous retrouver.

Il sourit, un sourire un peu forcé pour rassurer Mélopé. Il ne pouvait lui dire les raisons qui le poussait à ne rien abandonner...

Il savait parfaitement. Plus que Mélopé ne pouvait l'imaginer. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Maintenant Calypso était bel et bien là, il se débrouillerait pour rester présent, s'occuper d'elle comme elle le méritait. Mais il ne pourrait le faire ouvertement. Les chevaux sont loin d'être compréhensibles, surtout en ce qui concerne les chevaux de la Neige tel que lui. Si jamais on voyait Mélopé ou Calypso avec lui, personne ne serait assez malin pour tenir sa langue. Mélopé serait alors détestée des clans, Calypso mise à l'écart, et tout cela remonterait jusqu'aux oreilles de Raytokû. La suite il la connaissait. Mélopé en souffrait, il le savait, mais les choses étaient loin d'être simples de son côté aussi.

- Mais tu l'as dis. C'est parfaitement clair.

Il avait prit sa voix ferme et monocorde. Il ne pouvait s'écraser entièrement devant elle, il avait malgré tout encore en lui cette partie noire qui l'habitait avant sa rencontre avec Mélopé. Il s'efforça de radoucir un peu la voix avant de continuer :


- Je trouverai une solution, je te le promet.